Loin de la fureur de la ville, le village de Potrero de Ábrego offre une tranquillité certaine au milieu des montagnes, dans l'état de Coahuila, dans le nord-est du pays. Le temps d'un week-end, rendez-vous sur ces terres agricoles pour respirer, se couper du monde urbain et se ressourcer en pleine nature.
Vivre à Monterrey (Nuevo León) n'est pas de tout repos. Avec plus d'un million d'habitants - plus de 3,5 avec agglomération - la ville ne dort jamais. Pas facile alors de couper de toute cette agitation. Heureusement, grâce à la diversité du pays, il suffit parfois de s'éloigner de quelques kilomètres pour retrouver le calme.
Prévoir tout le nécessaire
Préparez vos affaires - de quoi ne pas attraper froid, des vivres et s'occuper - nous partons dans l'état voisin de Coahuila, direction un village situé au milieu des montagnes : Potrero de Ábrego.
Au départ de Monterrey, il faut d'abord rejoindre l'autopista Monterrey - Saltillo puis Carbonera - Ojo Caliente. Sans transition - comme souvent au Mexique - les maisons et industries s'effacent pour laisser place aux étendues désertiques qui défilent à toute allure par les fenêtres.
Les Mexicains n'ont généralement pas peur de la distance. Après environ 2 h 30 de trajet, un Oxxo - ces supérettes implantées dans tout le pays - permet de faire une halte pour se désaltérer, se rassasier mais surtout se présente comme la dernière opportunité pour faire le plein de provisions ou d'essence. Après quoi, il ne faudra compter plus que sur les réserves. Là où nous allons, aucune trace de la moindre supérette à des kilomètres - et donc heures de route - à la ronde.
Nous quittons ensuite l'autopista pour la route, jusqu'à Los Lirios, l'une des principales localités de Arteaga (municipio de l'état de Coahuila), qui compte un peu moins de 600 habitants, selon le site nuestro-mexico qui recense les populations du pays.
Les paysages se transforment en même temps que la route, de plus en plus sinueuse, de plus en plus en hauteur quitte à parfois se perdre dans les nuages. Les reliefs sont variés : plus ou moins hauts, en pente, verts... Là encore, les contrastes sont frappants et en eux repose toute la beauté des lieux.
Troquer la ville pour les montagnes, la route pour les chemins
Semblant sorti de nulle part : l'ejido de Jamé. Avec environ 180 habitants, la vie semble s'y dérouler à un tout autre rythme. Les maisons sont colorées, les rues désertes de véhicules et les enfants peuvent y jouer tranquillement. Dans son foyer, une famille cuisine et vend des elotes preparados - un plat typique du Mexique à base de maïs et beaucoup - beaucoup - de crème et se sauces. Aussi riche en couleurs qu'en calories. De quoi tenir jusqu'à l'arrivée.
Dernière opportunité pour envoyer un message ou consulter les réseaux, bientôt, il n'y en aura plus. Et la coupure s'opère de manière brutale : au bout de la route principale de Jamé, le goudron disparaît subitement pour se transformer en chemin de terre, la terracería. Ouvrez les fenêtres - l'air est bon - montez le son de votre radio pour couvrir celui des pneus qui luttent contre le chemin caillouteux. Petit à petit, les montagnes se dévoilent, à droite, à gauche, jusqu'à nous encercler et se montrer à chaque virage un peu plus infinies.
Pendant 56 kilomètres - parcourus en moyenne entre 20 et 30 km/h - nous sommes plongés au cœur de la chaîne de la Sierra Madre Orientale et ses canyons et hautes montagnes. Un passage près de la Sierra San Antonio et du Cerro San Rafael. Après près de 4 h 30 de trajet au total, nous voilà enfin arrivés à l'ejido de Potrero de Ábrego.
A 1 800 mètres d'altitude, le règne du silence
Perchées à environ 1 800 mètres d'altitude, ces terres dédiées aux travaux agricoles révèlent un calme profond et y règne un sentiment de paix. Outre le bruit du vent, des quelques chiens en liberté, des élevages un peu plus éloignés, des nombreux oiseaux et celui de vieux postes de radios qui laissent s'échapper leurs ondes hors des murs, subsiste le silence.
Au village, l'air est chaud et surtout très sec. De l'ail, des pommes, des ciruelas (sorte de prunes) et des pêches y sont cultivés. Mais, surtout, sont récoltés des nogales, sorte de petites noix. Quasiment toutes les familles vivant ici possèdent également des chèvres et des vaches. Mais aucun lait ni fromage n'est fabriqué : après reproduction, les petits sont revendus.
La plupart des habitants, environ 80 au total, sont âgés. Sur place, plus de médecin mais une infirmière qui passe régulièrement ; et pas d'autres infrastructures. Les quelques enfants du village ont accès à l'éducation grâce à une école maternelle (Kinder) et primaire (Primaria) jusqu'à 12 ans, qui subsiste. Ensuite, quelques cours de la Secundaria (équivalent du collège) et de la Prepa (lycée) sont assurés dans une salle. Ou bien les jeunes étudient en ligne, lorsqu'ils le peuvent.
Un seul endroit dispose de réseau avec une borne Wi-fi commune, sur la place principale du village. Potrero de Ábrego oblige finalement à déconnecter nos appareils électroniques, pour se reconnecter à la nature.
Une seule mission : se reconnecter à la nature
C'est d'ailleurs elle qui fait tout le décors. Au milieu des champs, arbres et montagnes, les rares maisons des habitants - simples et petites - se fondent dans le paysage. En se promenant, l'air pur empli nos poumons - à l'opposé de celui de la ville toujours pollué - à tel point que l'on aimerait en faire une réserve. Au gré du vent, des parfums de plantes et herbes diverses viennent nous chatouiller les narines. Au milieu du paysage, l'église du village, qui semble en avoir toujours fait partie, se dresse timidement, sous ses apparences de simple habitation.
Enfouie au cœur des montagnes, un petit bijou existe : une cascade à l'eau cristalline, qui renforce le sentiment de pureté du lieu. Pendant l'été, quelques courageux font le chemin jusqu'ici pour s'y baigner. L'hiver, alors que le site est interdit d'accès au public, quelques petites grenouilles en profitent pour se reposer près de la source fraîche.
Bientôt le soleil se couche à Potrero de Ábrego et colore du bout de ses rayons les flancs des montagnes, en révélant à chaque instant un nouvel aspect de leurs reliefs. Alors que la nuit tombe - et les températures avec - les odeurs de carne asada (viande grillée) envahissent de plus en plus l'air et quelques voisins en profitent pour se réunir, en musique, pendant que les chiens se coursent entre les maisons.
La nuit va être fraîche dans la Sierra Madre Orientale, mais nul doute que le réveil sera aussi doux qu'apaisant. L'endroit tient sa promesse, parfait pour se ressourcer, loin de la folie urbaine.
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Ton récit et les photos donnent envie d’y retourner! C’est magnifique ❤️